Vue d’ici… vue d’ailleurs: Nairobi

 

 

Du 1er au 19 septembre, dans le cadre d’une résidence à l’Alliance Française de Nairobi, Guy Lenoir, directeur artistique d’MC2a, mettra en scène « Vernissage », une pièce du tchèque Vaclav Havel.

Réalisée avec la collaboration d’artistes Kenyans, cette pièce sera jouée en langue swahili sous le titre de UZINDUZI, dans une traduction d’Abdilatif Abdalla et Alena Retrova.
Par le biais du récit et de l’image, il nous fait ici partager quotidiennement son regard sur la capitale kenyane…


[slideshow id=37]

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Circulation dense à Nairobi, la capitale et la plus grande ville du Kenya.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Moins connue des français, si ce n’est des habitués de Safari. Mais s’arrêtent-ils dans la ville ? J’en doute.
La vie économique y est intense, à l’image de l’effervescence qui règne dans le  pays.
Embouteillages semblables aux nôtres.
Comme à l’Ouest, les taxis-brousse font la com à leur manière. Ici, pour Kofi Annan, médiateur dans la crise
kenyane de l’an dernier, lors des conflits entre les Kikuyus et les Luos qui firent plus d’un millier de victimes.


[slideshow id=38]

 
Le Kenya possède cinq Universités.Voici l’entrée du département Théâtre de la « Nairobi University », située près du centre ville.  Fondée en 1956, elle fut l’une des premières universités construite durant la colonisation.


[slideshow id=39]

Dimanche à Nairobi.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Dans ce pays majoritairement chrétien, la religion occupe une place d’importance.
Les églises  sont trop petites pour y accueillir les fidèles du dimanche. Celle de mon quartier, Saint Paul,  a dû installer une tente en extérieur, agrémentée d’une télé qui restitue l’office en direct.
La messe du dimanche, expédiée chez nous en une heure, dure ici une bonne partie de la matinée:prêche, chants…


[slideshow id=40]

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Nous avions présenté en 2001 ou 2002, à Porte2a, une rétrospective consacrée aux arts contemporains du Kenya et de l’Afrique de l’est.
Presque 10 ans plus tard, au regard des œuvres exposées dans la galerie RaMoMa – peut-être la plus grande galerie privée de Nairobi – on a le sentiment  qu’il n’y a pas eut une grande force d’« innovation »  dans la création.
Mais peut-on juger sur cette seule visite ?
Aux côtés d’artistes Kenyans, on peut également y découvrir les travaux d’artistes tanzaniens, burundais, angolais…
Enfin, clin d’œil à James Mbuthia et ses « masques et constructions bidons » ainsi qu’à Richard Onyango et à sa célèbre « Touriste blanche au balcon » – titre tout à fait imaginaire –  pris lors de cette visite.


[slideshow id=41]

Nairobi. Kenya. Pour celui qui veut rester en prise avec l’actualité, il lui suffit d’ouvrir les pages du Standard, the People, the Times Kenya ou The Daily News… Autant de relais d’informations qui offrent chaque jour un regard critique et une analyse de fond sur des sujets aussi divers que variés.
 
 

La liberté de la presse y est intacte. Ni pression ni atteinte à l’intégrité des journalistes. Grande différence avec le Congo, le Gabon, le Zimbabwe… où chaque mot peut coûter une vie.

 
La télévision est également un média de référence. Représentative d’une ouverture vers la création d’une télé nationale, elle abrite quatre chaînes privées. S’ajoute le bouquet satellite avec la chaîne Algéziraz qui rencontre un succès fou et  trouve une reconnaissance dans le monde musulman de la côte-est du Kenya.
 

Revers de la médaille, la diffusion d’émissions clone fabriquées sur le mode des séries américaines dont nos télés se sont aussi largement emparées. Du « Loft » à la sauce kenyane aux émissions rurales (d’ailleurs fort instructives) en passant par les débats politiques, une large amplitude de programmes est proposée pour contenter le grand public et le spectateur curieux en demande de contenus.

 
Ce matin, jeudi 10 septembre, nous avons eu la retransmission de l’intervention de la Prix Nobel de la Paix 2004, Wangari Matai, engagée dans une lutte intensive contre les lobbies acteurs de la déforestation au Kenya, en Amazonie et au Congo.
A quand une telle intervention télévisuelle au Congo, au Cameroun et au Gabon ? Là aussi, l’information kenyane se veut la plus transparente possible.
 
En résumé, l’information est à l’image de la classe moyenne kenyane, ambitieuse et nerveuse sur la place du marché, ouverte à l’économie moderne, celle de la mondialisation.
Bien entendu, le fossé entre ceux qui collent au train de l’économie de marché et ceux qui en font les frais, est immense, un gouffre… Mais, là encore, c’est un autre sujet…. !


[slideshow id=42]

 
Le Kuona Trust Art Center est une initiative originale.
Installés sur une vaste parcelle de terrain au cœur de Nairobi, les artistes travaillent dans des studios,  grands containers récupérés ici et là, dont certains viennent de l’ONU.
 
A la fois espace de formation, centre de documentation, installations, rencontres,  le Kuona Trust Art Centre est un lieu inédit dans la ville.
Bon exemple pour des projets futurs à développer auprès des artistes de notre territoire, eux aussi confrontés à la précarité, à la recherche de lieux et ouverts à la mutualisation.


[slideshow id=43]

Aux portes  de Nairobi, un village artistique: KINTENGELA GLASS, essentiellement habité par des artistes et des artisans d’arts, majoritairement des verriers.
Le résultat est étonnant, et représente à mes yeux la rencontre de Facteur-cheval, Gaston Chaissac et du  Land Art.
 
 
 
 

[slideshow id=44]

The GoDown Arts Centre est la première friche de Nairobi.
 
 
 
 
Ouverte il y a cinq ans, il mutualise une série d’initiatives artistiques au cœur d’une grande friche située dans  la  zone
industrielle de Nairobi.
Lieu de danse contemporaine,  d’accueil de jeunes plasticiens, d’école de musiques pour enfants de la rue, de vente d’art….il est aussi un des lieux « branchés » de la capitale pour des soirées performance, musicales…
 
 
 
 

[slideshow id=45]

 
 
 
 
 
 
 
 
« Uzinduzi  » signifie  « Vernissage » en langue Swahili.
Langue officielle du Kenya, le kiswahili est pratiqué indistinctement avec l’anglais.  Usité par une  grande majorité des pays de l’est du continent, il a été décrété « langue d’Afrique » en 2005 par l’OUA (Organisation de l’Unité Africaine).
Non seulement parlé mais aussi écrit, le swahili dispose d’une importante littérature depuis plusieurs siècles et a suscité floraison d’œuvres originales (romans, contes, poèmes, pièces de théâtre…).
Aussi, fait assez rare pour être signalé, plusieurs grandes œuvres de la littérature mondiale ont été traduites ou adaptées dans cette langue.
 
 
La semaine passée, ces écrivains ont été le sujet d’un séminaire dirigé par Alain Ricard à l’IFRA (Institut de Recherche en Afrique) de Nairobi.
A cette occasion, et sous l’égide du Goethe Institut et de l’Alliance Française de Nairobi, est né JUKWAANI, festival d’expression kiswahili pour lequel a été créée « Uzinduzi ».
J’ai alors été sollicité par l’Alliance Française pour mettre en scène cette courte pièce du tchèque Vaclav Havel avec les comédiens de l’Hearstrings, compagnie professionnelle de Nairobi, traduite par Abdilatif Abdalla et Alena Retrova.
 
 
Ecrivain kenyan, professeur de swahili à l’Université de Leipzig, exilé politique pendant près de trente ans après avoir passé trois années dans les geôles du pouvoir kenyan pour dissidence au lendemain de l’indépendance du Kenya, le parcours d’Abdillatif Abdalla n’est pas sans rappeler celui de notre écrivain tchèque, victime de la répression soviétique pendant et après le Printemps de Prague en 1969.
Alena Retrova, quant à elle, enseignante de Swahili à Londres, eut l’idée brillante d’appliquer la traduction de Vernissage auprès de ses étudiants.
 
Il y eut des précédents dans ce type travail de mise en scène. En 2005, j’avais créé « Le roi s’amuse » (Michezo ya Mfalme) de Victor Hugo en swahili, à l’Alliance Française de Nairobi. D’où mes retrouvailles avec Sammy Mwangui, directeur de la compagnie, Victor Ber, Kennedy Waudo, auxquels s’est jointe Caroline Tharau.
 
Dans une dramaturgie franche et sans ambages, « Uzinduzi » met en scène le sujet la dissidence par le biais de dialogues serrés et d’humour en demi-teinte  démontrant ainsi l’universalité du message de Vaclav Havel.
J’ajoute que nous avons bénéficié d’une touche typiquement kenyane par la présence d’interventions musicales « Afro-Jazz-Taarab », magnifiquement interprétées par Juma Tutu et Rajab Said.
 
 

Kofi Annam

Partager :